« Aux arbres, citoyens ! » C’est le titre de « l’émission événement » en direct du 8 novembre dernier sur France 2. En direct et en public depuis les « majestueuses serres du parc André-Citroën ». Cela a été « une grande soirée présentée par Léa Salamé et Hugo Clément, avec, comme marraine, Marion Cotillard et, comme parrain, Yannick Noah ». Il a été question de la crise majeure du climat et, surtout, des « solutions nombreuses et concrètes pour y faire face, en s’appuyant notamment sur nos grands alliés que sont les arbres ».
La charmante actrice, experte en repérage de complots, et le très sympathique chanteur au grand cœur ont apporté des points de vue décisifs — qui est mieux placé que les people pour sauver la planète ? À défaut de savoir reconnaître un arbre, beaucoup d’entre eux se préoccupent sincèrement de toutes ces questions qui angoissent le peuple et nombre de scientifiques ; et certes, leur renommée pèse dans les prises de conscience. Ils ont un devoir vis-à-vis de nous tous et s’appliquent à le remplir. Du moins sur les plateaux télé.
Marion Cotillard vit à Los Angeles
Gardons-nous de l’étroitesse d’esprit. Mais enfin, à l’exception de quelques hurluberlus qui vont jusqu’au bout de leurs convictions, force est de constater que les stars ne renoncent pas à leurs vies de star. Est-il vraiment mesquin de sourire lorsqu’on apprend que Marion Cotillard, porte-parole de Greenpeace, s’est offert à Los Angeles — où elle passe six mois de l’année, probablement pour des raisons fiscales — une villa de presque 6 millions d’euros, qu’elle ne rejoint sûrement pas à la nage ? Est-il aberrant de penser à toute l’eau qu’il faut pour arroser son immense jardin dans une région où il ne pleut pas souvent ? Est-il minable de songer à l’écologico-dispendieuse vie de Yannick Noah entre sa propriété des Yvelines, avec piscine et golf, son appartement à Manhattan et son Cameroun natal ? Ou à celle de Leonardo DiCaprio, autre “défenseur engagé de la planète” et grand amateur de jets privés et de yachts luxueux ?
C’est une longue liste que celle des célébrités qui “agissent pour le climat” sous leurs parasols de bonne conscience ; tout comme celle des puissants de ce monde, moins connus mais tout aussi riches, derrière leurs paravents de “valeurs de gauche”. Même en politique, les donneurs de leçon nous font parfois sursauter. John Kerry, l’ancien secrétaire d’État américain, envoyé spécial pour le climat du président Biden, fait preuve d’une grande détermination. Dans un entretien accordé à la BBC News, en février dernier, il s’alarmait des « conséquences massives en termes d’émissions de CO2 » d’une guerre russe contre l’Ukraine, qui, selon lui, détournerait l’attention des travaux sur le changement climatique.
Néanmoins, a-t-il ajouté, « j’espère que le président Poutine nous aidera à rester sur la bonne voie en ce qui concerne ce que nous devons faire pour le climat ». Il est possible que M. Poutine n’ait pas eu connaissance de ses propos, dont il aurait sinon, sans aucun doute, tenu compte. John Kerry a été accusé — à raison, à tort ? nous n’avons, avouons-le, pas enquêté — d’avoir effectué des dizaines de vols en jet privé, y compris à caractère personnel, en seulement quelques semaines. Il est marié à la milliardaire Teresa Heinz, possède un jet privé, un yacht, de luxueuses propriétés, consommant plus d’énergie et polluant plus que des milliers d’êtres humains vivant une vie qu’il prétend avoir le souci de protéger. Tout cela disparaît comme par magie lorsqu’il s’agit de prôner des alliances pour le climat. Il est diplômé de Yale, mais peut-être aussi, secrètement, de Poudlard.