A l’initiative du Président du Sénat et de la Présidente de l’Assemblée Nationale une grande manifestation contre l’antisémitisme sera organisée dimanche prochain.
L’explosion des attentats et des attaques contre les Juifs a en effet de quoi inspirer révolte et inquiétude. Une guerre de religion ne peut se déclarer dans une société déjà divisée par le communautarisme et menacée par le terrorisme. On comprend que l’antisémitisme soit dénoncé et éradiqué avec la plus extrême fermeté.
Il y a théoriquement des lois qui permettent de poursuivre et condamner les actes et les personnes antisémites, mais ont-elles appliquées ? C’est déjà un premier paradoxe : la classe politique actuelle est impuissante à faire respecter la loi. Manifester est une compensation purement théorique.
Mais on apprend aussi que Madame Borne, Premier Ministre, participera à la manifestation, elle sera aux côtés de Marine Le Pen, de Gérald Darmanin, et de plusieurs personnalités de haut vol. Cet assemblage semble s’inspirer d’une stratégie bien claire : ne pas laisser le concurrent récupérer l’antisémitisme. Ainsi on n’a pas cessé d’interviewer Jordan Bardella président du Rassemblement National sur sa présence alors qu’il appartient au parti de Jean Marie Le Pen. Il s’est très bien défendu en saluant le courage politique de Marine Le Pen qui a osé rompre avec son père, et il a clairement affirmé sa veine démocratique. Car, en effet, tout le montage consiste à éliminer le RN, mais aussi bien les centristes et modérés qui ne veulent pas se plier à la discipline de fer imposée par le gouvernement dans le vote des lois. Puisque l’Etat s’occupe de tout, pourquoi ne prendrait-il pas en charge la lutte contre l’antisémitisme ? Ainsi les suffrages porraient-ils revenir vers la majorité présidentielle. C’est une façon de remonter une cote de popularité au plus bas.
Reste à savoir s’il y a une possibilité de trouble ou de contre-manifestation à attendre dimanche . L’éclatement de la NUPES sera officialisé, socialistes, communistes et verts seront là, mais le brave Mélenchon n’en sera pas « Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous » : on ne saurait mieux dire sa sympathie pour le Hamas.
Ainsi, une fois de plus, le calcul électoral et la communication démagogique risquent-elles de l’emporter sur les valeurs fondamentales, bien que tout le monde n’aient de cesse de se référer aux « valeurs de la république », une expression assez creuse pour tromper le monde et faire semblant de croire en quelque chose quand on ne pense qu’à garder le pouvoir ou le conquérir.