Les élections présidentielles vont-elles finalement se jouer sur les Covids et les vaccins ? Ce serait grave, parce qu’une majorité d’électeurs aspirent à un vrai débat sur un choix de société qui conditionne leur vie et leur avenir. Ils craignent à juste titre d’avoir à choisir entre deux réponses simples : Le despotisme : faites confiance à l’homme ou au parti providentiel, les solutions viennent d’en haut, une élite éclairée et bienveillante travaille à un nouveau monde plus prospère, plus juste, plus durable. Le populisme : tout ce que la classe politique peut proposer est sans intérêt, il faut une totale révolution économique, sociale, internationale. Ces deux virus, contractés il y a bien longtemps, génèrent irresponsabilité, insécurité et médiocrité. Pour s’en prémunir, il existe un vaccin libéral, qui n’a jamais été administré en France. Au contraire, de tous côtés, on dénonce le « néolibéralisme » ou l’« ultralibéralisme » comme source de crise économique, d’inégalités sociales, d’impérialisme américain, chinois ou bruxellois. Jacques Garello se propose d’expliquer pourquoi le vaccin n’est toujours ni connu ni compris en France, et il présente les vrais principes libéraux et le programme de réformes qu’ils devraient inspirer le plus tôt possible. La vaccination pourrait donner un sens aux votes de 2022. Jacques Garello, Agrégé des Facultés de Droit et d’Économie, est Professeur Émérite de l’Université d’Aix Marseille. Il est président d’honneur de l’ALEPS (Association pour la Liberté Économique et le Progrès Social). Il a introduit et vulgarisé les thèmes de « l’économie autrichienne » en France.
1. Histoire de l’exception française
Que faut-il sauver aujourd’hui ? La France ? Les Français ? La nation française ? Non : l’Etat français. L’histoire nous apprend l’exception française : ce pays a été créé par un pouvoir politique désireux d’annexer des nations existantes. Pendant des siècles L’Etat a transformé les populations en sujets d’une autorité centrale. Cet Etat sera sans cesse plus dirigiste, plus dépensier et plus endetté, plus protectionniste mais aussi plus arbitraire, plus autoritaire. L’Etat est dans la tête de tous les Français.
2. Pourquoi la servitude ?
La coercition est acceptée, la servitude volontaire : ce paradoxe de La Boëtie est vécu dans un pays pourtant réputé libre. Quatre explications: le nombre de gens salariés par l’Etat, de gens privilégiés pour raisons électorales, de gens vivant de la redistribution de l’Etat Providence, et de la fausse solidarité qui tue l’épanouissement personnel pour fondre les individus dans le creuset collectiviste.
3. Caricatures du Libéralisme
Pas enseigné, pas pratiqué, le libéralisme est caricaturé : loi de la jungle, vol organisé, égoïsme débridé, inégalités croissantes, victoire de l’avoir sur l’être, société de consommation, concurrence sauvage, obsession de la rentabilité, etc. Il est facile de réfuter ces attaques : la réalité est autre.
4. Nature et principes du libéralisme
Le libéralisme ne se réduit pas à sa dimension économique. Il se définit par quatre principes liés à la nature spécifique de l’être humain : liberté, responsabilité, propriété et dignité. Mais il ne peut exister durablement que dans un environnement institutionnel qui a fait peu à peu son chemin dans les pays libres : un pouvoir limité, la subsidiarité, l’état de droit, le libre marché. Cet environnement est actuellement très perturbé, voire oublié, et pas seulement en France. La mondialisation est aux antipodes du « néo-libéralisme », elle est régie par un « capitalisme de connivence ».
5. Les réformes libérales en perspective
A quelques semaines des élections présidentielles on perçoit un réveil de la société civile. Il permettra de faire valoir des réformes libérales. Il ne s’agit pas de catalogues de mesures pour séduire les multiples clientèles électorales, mais de réformes de fond. Elles ont toutes le même objectif : réformer pour libérer. Elles se réfèrent à quelques principes simples : un Etat minimum, donc une fiscalité allégée et une couverture sociale plus efficace, la liberté et la concurrence sur le marché du travail et dans l’enseignement, la défense de la propriété immobilière, la refonte de la justice et de la police, la maîtrise de l’immigration et du terrorisme, donc une diplomatie claire et nette et une Europe guérie de son dirigisme nocif, l’élimination de l’écologie politique, et enfin et non le moindre le respect de la vie privée menacée par les réformes « sociétales ».