C’est sur la réforme des retraites que le gouvernement Barnier a chuté, grâce aux compétences cons-jointes de Mélenchon, Le Pen et Woquiez. François Bayrou ne s’y est pas trompé : le dossier est trop explosif pour le traiter en urgence.
Il a cependant innové dans le langage gouvernemental en laissant entendre qu’il faut « changer le système », il a même évoqué la « retraite par points » dont il a été « partisan » (ce qui ne veut pas dire que ce soit la meilleure réforme systémique, mais qui laisse entendre que le temps des réformes paramétriques est révolu).
Comme il n’y a aucune chance de pratiquer une réforme systémique avec l’Assemblée actuelle, il a trouvé une solution habile : demander aux partenaires sociaux de prendre le relais et en discuter avec les parlementaires pendant neuf mois.
Donc il ne revient pas sur la loi actuellement en vigueur, avec la retraite à 64 ans, il ne faut pas la « suspendre ».
Cela ne l’empêche pas de déclarer que 64 ans est un bon choix…mais ce n’est pas à lui de décider, il fait preuve de modestie et de modération. En revanche tous les espoirs sont permis grâce à un dialogue de neuf mois, ce qui permet d’attendre des élections législatives en juillet prochain, et à son gouvernement de durer jusqu’à l’été voire même jusqu’à l’automne : une longévité de dix mois serait un record dans un pays qui aura eu quatre gouvernements en un an.
On peut cependant être sceptique sur le réalisme du projet. Le vote du budget est très aléatoire et le recours au 49/3 très probable, le relèvement du SMIC et des cotisations patronales sera âprement discuté, le chômage risque de croître encore, et les multiples questions sociétales, de l’euthanasie à la GPA, diviseront le pays.
Reprendre c’est sans doute se méprendre. Le réalisme c’est la rupture, c’est la tronçonneuse de Milei : moins d’Etat, moins de Bayrou. Prochaine station : fin juin. Tout est à reprendre.