Laffer : dans un pays déjà surfiscalisé il ne faut pas augmenter les impôts mais les diminuer :
les recettes fiscales sont immédiatement multipliées.
Retraites par répartition : 80 milliards de déficits cette année, soit 52% du total. Quand va-t-
on court-circuiter la Sécurité Sociale ?
Baisser les impôts au lieu de les accroître
Les grands savants de Bercy ne connaissent pas un mot de science économique ni d’histoire
contemporaine. Ils devraient savoir qu’il ne faut pas confondre hausse des impôts et hausse
des recettes fiscales. La réforme Reagan a consisté à diminuer les taux d’imposition sur le
revenu , le taux marginal applicable a été abaissé de 75% à35 % d’un seul coup, et les
tranches d’imposition ont été réduites de 14 à 4, il n’en restera plus que 2 quelques mois
plus tard. La diminution de la progressivité est toujours payante pour les percepteurs : il faut
faire des cadeaux aux riches pour « faire payer les riches ». Ayant désormais le sentiment
qu’ils travaillent désormais pour eux plutôt que pour le percepteur les riches se mettent à
reprendre le collier et la croissance sera au rendez-vous, accroissant d’ailleurs les rentrées
des impôts indirects comme la TVA.
Les grands savants de Bercy ne connaissent pas davantage la flat tax. Certes dans le jargon
fiscal français il arrive de désigner par « flat tax » le PFU (Prélèvement Forfaitaire Unique)
imaginé par Emmanuel Macron en 2018. Ce PFU mélange plusieurs prélèvements et a pour
assiette les revenus de l’épargne et du capital, sans toutefois se confondre avec l’IFI, Impôt
sur la fortune immobilière : nul capitaliste ne saurait échapper à ce PFU et à cet IFI. Pourtant
le seul fait que ces innovations fiscales aient accompagné la suppression de l’ISF (Impôt Sur
la Fortune) a fait parler de « cadeau fait aux riches ».
Qu’est-ce que les libéraux classiques entendent par flat tax ? Un seul taux d’imposition pour
tout prélèvement quelle que soit l’assiette : sur la dépense (TVA) comme sur les revenus,
quel que soit leur origine, et quel que soit le contribuable, riche, pauvre, classe moyenne,
actif ou retraité.
La flat tax est aussi une économie d’énormes dépenses bureaucratiques. La déclaration a
adresser au percepteur tient sur une carte postale, elle a été proposée aux contribuables
islandais qui en ont été très satisfaits. Ainsi conçue la flat tax est une libération fiscale, et elle
met fin au débat sur les inégalités. Elle est conforme à un grand principe moral : le travail,
l’effort, le mérite, le talent et la réussite sont pris en compte. Dans un pays libre et une
économie marchande on progresse en rendant service aux autres. Voilà la vraie « justice
sociale ».
En finir avec la répartition
Plus de la moitié du déficit du budget de l’Etat provient du déficit du régime retraite de la
Sécurité Sociale 1 . Ce n’est pas une surprise : les cotisations encaissées cette année seront de
301 milliards, et les dépenses de 381 milliards. Les 80 milliards de différence représentent 52
% du déficit global du budget de l’Etat français.
Ce n’est pas non plus une surprise puisque c’est la conséquence inéluctable de notre
situation démographie : de plus en plus de seniors (et c’est tant mieux) et de moins en moins
de juniors, qui d’ailleurs entrent en activité de plus en plus tard.
Mais nos politiciens, nos partenaires sociaux et finalement la plupart des Français continuent
à foncer dans le mur. Sauver les retraites en modifiant son âge n’est qu’une panacée : les
pays étrangers en sont en général à plus de 64 ans, mais ils en viendront à davantage
encore : pourquoi pas la retraite à 91 ans ?
L’urgence est d’arrêter ce suicide collectif, et cette hérésie économique puisque les
cotisations payées ne sont pas placées et cette épargne est perdue pour les investissement,
dons pour la production et l’emploi. La plupart des pays libres se sont engagés dans une
totale réforme, qui consiste à remplacer la répartition par la capitalisation. Ils arrivent, après
quelques décennies (en général deux générations) à éteindre totalement la répartition, mes
cotisations diminuent et les pensions sont d’un montant très supérieur. Mais c’est l’idéologie
qui bloque la transition de la répartition vers la capitalisation. Comme d’autres économistes
du monde entier, j’ai proposé un processus de transition qui ne lèse aucune catégorie de
personnes : ni les séniors, ni les juniors, ni les intermédiaires 2 .
Haro sur les collectivités locales
Les libéraux sont pour la subsidiarité : priorité aux décisions de la société civile sur la classe
politique (subsidiarité horizontale) et priorité aux instances politiques locales (subsidiarité
verticale, l’Etat n’intervient qu’à titre subsidiaire). La France est un pays jacobin, tout
remonte au pouvoir central. Mais quand l’Etat central et dirigiste manque d’argent il est
facile d’incriminer les autorités communales ou départementales ou régionales.
Certes le millefeuille administratif a un coût considérable, les maires de France l’ont souvent
condamné. Pour autant il est mensonger de mettre en accusation la gestion des élus locaux.
L’Etat a d’ailleurs réalisé une opération inique en supprimant la taxe d’habitation pour se
rendre populaire. Moyennant quoi les communes n’ont pu boucler leur budget qu’en
accroissant l’impôt foncier dans des proportions considérables. Il n’y a aucune liberté fiscale,
aucune autonomie financière, pour les municipalités, elles ne peuvent disposer de vrai
pouvoir sur l’urbanisme, sur les terrains, sur les logements sociaux. Le fédéralisme fiscal a
réussi dans un grand nombre de pays : la base de l’impôt est fixé au niveau local, et on vote
ensuite pour savoir ce que l’on va donner à l’échelon supérieur. C’est la raison pour laquelle
le pouvoir fédéral est si pauvre donc si réduit en Suisse.
Conclusion :
Nous sommes navrés de briser les efforts de Michel Barnier pour tenter de réunir les
Français en ressuscitant un patriotisme qu’il croit encore entier, mais on ne peut s’en
remettre à des réformes vides de tout sens autre que politique et « cosmétique ». L’élégance
et l’humour ne tiennent pas lieu de réalisme ni de vérité.
1 Cf. l’article de Jacques Garello du 30 Septembre 2024 Enfin la vérité sur les déficits publics : Un article du Figaro (Jean Pierre Robin) plus de la moitié vient des retraites par répartition
2 Voir par exemple mon article dans Les Echos 29 septembre 2024