Les élections américaines sont au cœur de l’actualité. C’est dommage, à tous points de vue.
C’est dommage parce que quel que soit le Président élu en Novembre le drame le plus important que nous vivons aujourd’hui est la guerre que la coalition islamo-communiste mène contre l’Occident. Il est regrettable que le vote de quelques milliers d’Américains puisse changer notre destin[1] : il y a une disproportion entre les discours et les spectacles des conventions de Chicago ou d’ailleurs, et le sort réservé aux Ukrainiens et aux Israéliens. La classe politique des Etats Unis est aujourd’hui plus nulle que jamais, plus nulle que la nôtre (est-ce possible ?). Songez que sur le seul point important de l’aide à l’Ukraine, il n’y a pas moins de quatre discours différents : Trump liquiderait l’Iran en quelques heures, mais son vice-président arrêterait toute aide à Kiev, Kamala Harris reprend la ligne Biden, celle d’un soutien très prudent et déclinant, mais Obama et la base gauchiste des Démocrates choisit la neutralité…et plutôt la Palestine. Il y eut aux Etats Unis des Truman, des Eisenhower, des Ford, et un Reagan : ils ont sauvé la cause de la liberté dans le monde. Aujourd’hui la seule cause qui semble animer les politiciens américains est celle de garder ou conquérir le pouvoir.
C’est dommage parce que la campagne a pris soudain un tour très incertain et très inquiétant. Après l’attentat sont il a été victime Donald Trump avait toutes chances de revenir à la Maison Blanche. Son discours était devenu plus conservateur, il évoquait l’Amérique profonde, animée de valeurs morales et spirituelles, il demandait à l’Europe de prendre ses responsabilités dans la défense de l’Occident[2] (2). Donald Trump pouvait aussi bénéficier de l’entêtement de Joe Biden persuadé qu’il pouvait rester en lice et officiellement élu candidat démocrate. La probable victoire de Trump n’était pas du goût des Français qui non seulement sont traditionnellement américanophobes, mais tenaient aussi Trump pour un charlatan malhonnête et dangereux. Par contraste la candidature de Kamala Harris, inconnue il y a quinze jours, a été reçue avec soulagement et espoir, et considérée comme une bonne affaire pour la paix mondiale. Le pronostic dominant dans la classe politique et les médias est désormais en faveur d’une courte victoire de la candidate démocrate, adoubée par Obama, que les Français, de Sarkozy à Hollande, de droite comme de gauche, ont passionnément aimé. En quelques jours Trump est devenu un vieillard et Harris incarne la jeunesse, Trump est redevenu le milliardaire honteux et Harris l’image d’un peuple métissé et ouvert. En France l’image de Trump est tellement dégradée sous divers prétextes par les médias et la presse écrite que toute position en faveur de Trump est considérée comme d’extrême droite, voire même de « fascite » : le Rassemblement National et Reconquête ont systématiquement été épinglés. Cela pose un problème de liberté d’expression dans notre pays. La pensée unique s’est donc déclarée en faveur de Harris. A mon sens il y a une grande illusion sur la candidate elle-même, mais aussi sur ses partisans.
C’est dommage de prendre Kamala Harris pour une sociale-démocrate raisonnable. Il y a d’abord son programme économique. Elle envisage de sauver le pouvoir d’achat des Américains en décrétant le contrôle des prix et une baisse des taux d’intérêt. Elle veut reprendre la réforme lancée par Obama mais qui avait capoté en quelques semaines : faire de la santé un service public fédéral, à l’image de l’assurance maladie de la Sécurité Sociale française. Elle s’oppose aux entrepreneurs californiens qui voudraient l’abolition de normes qui paralysent la création et l’expansion des entreprises. A travers l’income tax (impôt fédéral sur le revenu), elle visera davantage les contribuables les plus riches. Elle nourrit une aversion très visible à Wall Street et au monde de la finance. Il y a ensuite et surtout la sympathie qu’elle porte au « progressisme » des démocrates de gauche, ses partisans les plus actifs.
L’électorat que chasse Kamala Harris est hétérodoxe : elle a choisi pour vice-président Tim Waltz, personnage très populaire, qui se présente en chasseur, en paysan, en père de famille, bref un conservateur. Mais l’électorat le plus proche de Kamala Harris est fait de gens fanatiquement acquis aux thèses racialistes, féministes, genre et wok. En fait Kama0la Harris porte l’espoir d’une révolution culturelle souhaitée dans les universités américaines. C’est le sens du « she can » lancé par Obama et repris par la masse des démocrates présents à Chicago : « Elle peut le faire », elle peut rompre avec toutes les traditions américaines, avec la constitution, avec le fédéralisme, avec la religion, avec l’impérialisme et le capitalisme.
Je ne sais pas si l’humanité gagnerait beaucoup avec cette nouvelle Amérique. Ce n’est pas « l’Amérique est de retour » de Reagan ! Les Français en ont-ils conscience ?
[1] Cf. mon article du 12 décembre 2023 Quand le sort du monde dépend d’un jeu électoral L’Ukraine abandonnée par le Congrès américain. J’ai le même ressentiment aujourd’hui
[2] La Nouvelle Lettre (Actualité 15 juillet 2024) a insisté sur le caractère profondément religieux du peuple américain dans sa grande majorité : Miraculé, Trump a survécu par la grâce de Dieu. Les Etats Unis, l’une des nations les plus religieuses au monde