Je connais et j’apprécie Serge Schweizer depuis son entrée à la Faculté de droit de l’Université Paul Cézanne, sans doute en 1952. Il a été mon étudiant, comme ses enfants Pierre et Marie. Je l’ai retrouvé avec plaisir l’an dernier à l’occasion du week end libéral 2024 où il nous a présenté sa trilogie sur le thème : « mieux connaître le libéralisme ». Le premier tome de cette trilogie expliquait pourquoi le libéralisme est méconnu et caricaturé dans notre pays . Le deuxième tome est paru en décembre 2024, il a été présenté dans le numéro d’hiver du Journal des Economistes, et repris dans un article de Contrepoints.
Je dois cependant avouer que j’ai été surpris par la présentation de l’ouvrage par le professeur Alexis Bugada qui enseigne actuellement l’économie à la Faculté de Droit de l’Université Aix Marseille. Certes je suis sûr que Serge Schweitzer est dans la droite ligne du libéralisme : « Sa pensée s’ancre avec fermeté sur les quatre piliers du libéralisme que sont la liberté, la responsabilité, la propriété et la dignité » [de l’être humain]. En revanche je ne crois pas que Serge Schweitzer soit d’accord avec certaines propositions de l’auteur du commentaire. Par exemple je ne saurais écrire « le libéralisme est un héritage précieux des Lumières ». Hayek a toujours porté la naissance de la pensée libérale au crédit des scolastiques de l’Université de Salamanque , eux-mêmes nourris des enseignements de Saint Thomas d’Aquin. Les Lumières ont engendré le culte de la raison, en oubliant simplement la foi, instrument de la Vérité. Les Lumières ont inspiré la recherche d’une société parfaite, scientifiquement organisée. On les retrouve chez les révolutionnaires jacobins et Robespierre, chez Auguste Comte et les Saint Simoniens. Elles brillent dans les yeux de nos énarques. Elles ont défini « les valeurs de la république »
D’ailleurs il semblerait, aux yeux de l’auteur, que Serge Schweitzer puisse avoir quelque sympathie pour la planification « En bon libéral, Serge Schweitzer est un ennemi de l’économie planifiée, on l’aura compris, même si l’on sait que la planification possède de nombreux degrés et nuances avant d’atteindre ses extrêmes ». Moi je ne sais pas et je ne dois pas être un bon libéral. Je ne dois pas non plus savoir ce que sont l’égoïsme et l’altruisme dans la macro-économie : « Serge Schweitzer revisite ainsi le thème de l’égoïsme dans ses rapports avec l’altruisme, à la fois dans la dimension macro-économique et celle micro-économique ». A mon sens la macro-économie a égaré la science économique. Et le libéralisme est bien, comme le dit Serge Schweitzer, la pratique de l’échange. Mais l’échange est purement subjectif, et le libéralisme n’est pas l’utilitarisme, il n’est pas affaire d’efficacité.
Comme Serge Schweitzer je suis trop attaché à démontrer ce qu’est le libéralisme classique dans toute sa dimension humaniste et personnaliste pour accepter les confusions et les approximations dont se régalent les partisans du despotisme et du socialisme.
En conclusion, je partage avec chaleur le conseil que nous donne l’auteur après la parution du dernier tome de la trilogie « Lorsque les trois livres seront parus, le lecteur sera probablement tenté de les relire tous d’un trait, avec plaisir critique et gourmandise intellectuelle ».
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