Le Président Zélinsky a fait une déclaration surprenante : inviter la Russie à une conférence mondiale sur la paix. Et à cette heure les Russes n’ont pas dit non !
C’est dire le chemin qui a été parcouru depuis le sommet de l’OTAN, tenu à Washington le 10 juillet. La déclaration finale était sans ambiguïté : « Nous sommes unis et solidaires face à une guerre d’agression brutale qui sévit sur le continent européen, à un moment crucial pour notre sécurité. Nous réaffirmons le lien qui unit durablement nos pays par-delà l’Atlantique ». Sur les 35 articles qui suivent l’OTAN ne cesse de mettre en accusation la Russie. Il est même fait référence à la libre circulation dans la Mer Noire, grâce à la protection de la Turquie, membre de l’OTAN. Le prolongement concret de ce sommet a été l’envoi en Ukraine d’avions et du personnel nécessaire pour les utiliser.
Zélinsky pouvait se réjouir d’avoir enfin l’aide aérienne qui trainait depuis deux ans.
Le même Zélinsky est maintenant prêt à la négociation. Est-ce parce que la Russie ne peut être battue par l’Ukraine et ses alliés (toujours non belligérants et refusant « l’escalade ») ? Est-ce parce que l’opinion publique de son pays commence à être saturée de bombardements et de militaires tués et blessés ? Est-ce parce que les Russes abandonneraient le Donbass et garderaient la Crimée ? Toutes ces hypothèses peuvent être acceptées et additionnées.
Mais l’attentat de Trump a aussi joué un rôle. J’ai souligné hier la dimension religieuse que Trump a voulu donner à l’attentat : li a été sauvé par « miracle » et « grâce à Dieu ». Il en a peut-être tiré une leçon importante : Dieu l’a sauvé pour lui confier une mission. Et cette mission est de rétablir la paix dans le monde en abandonnant un isolationniste inadmissible aux yeux des Européens (même si en effet les Européens ont spéculé sans vergogne et sans élégance au bouclier américain de l’OTAN). Travailler pour la paix c’est montrer sa force, c’est montrer qu’on est prêt à la guerre. Donc le changement de Président, d’un Biden soutenant l’Ukraine à Trump abandonnant l’Ukraine et l’Europe à leur sort, pouvait effrayer le monde entier. Je ne sais pas ce que Trump dira dans son discours après-demain, mais la nomination de son vice-président est aussi une surprise : quelque chose pourrait changer à la Maison Blanche (bien que le Vice-Président n’ait aucun pouvoir exécutif).
Donc, l’idée de Zélinsky est raisonnable, et les Russes eux-mêmes seraient prêts à la négociation avec une Amérique à nouveau arbitre et policier du monde entier. Le MAGA (Make the America Greater Again) deviendrait le Make the Western Safer Again.
Cette hypothèse est-elle tout à fait réaliste.
D’une part il est visible que l’OTAN n’a pas voulu s’intéresser à l’autre foyer de guerre mondiale : Israël et le Moyen Orient. Biden soutenait Israël aussi bien que l’Ukraine (il a fallu néanmoins faire des arbitrages entre les deux aides). L’OTAN n’est pas à l’aise sur cette question puisque la Turquie soutient la Syrie, le Liban et les Palestiniens. Il est difficile d’imaginer que le nouveau Président iranien, réputé pacifiste puisse ignorer le fanatisme de l’ayatollah Khomeyni et des gardiens de la Révolution. Le canal de Suez n’est toujours pas navigable.
D’autre part l’OTAN s’en remet à l’ONU pour régler tous les problèmes de la paix mondiale, dans la mesure où les pays adhérents à l’OTAN ne sont pas concernés. Or, l’ONU est le temple du « progressisme » mondial, depuis la condamnation pénale de Netanyahou jusqu’à la transition énergétique.
Enfin la coalition communiste-islamiste n’est pas dissoute. Corée du Nord, Chine, Inde, pays communistes d’Amérique latine n’ont pas désarmé idéologiquement, ni militairement face à l’Occident capitaliste et matérialiste.
Les jours prochains nous donneront plus d’information sur le réalisme des hypothèses que j’ai évoquées, mais il est sûr que le leader Poutine est toujours en place et va se mesurer à un autre leader Donald Trump le miraculé et le futur président des Etats Unis.