Avant-hier soir le match de football « olympien » entre Marseille et Lyon a été annulé à cause de la blessure au visage et au crâne de l’entraîneur lyonnais Fabio Grosso. Il était dans le bus transportant les joueurs lyonnais et à proximité de l’entrée du stade le bus a été arrêté, et caillassé par des « supporters » marseillais, une vitre a été explosée et un éclat de verre a profondément atteint Fabio Grosso. Cela s’est produit alors qu’une voiture de police escortait le but, elle se trouvait pratiquement au contact des supporters. Le bus a repris son chemin, le blessé a pu être soigné en urgence et évacué.
Il est à noter que la venue du Pape à Marseille avait été une réussite complète au point de vue de l’organisation et de la sécurité, alors même que les dangers étaient considérables. La même préfète n’a pas pu assurer le trajet du bus lyonnais à l’arrivée du stade. Il semblerait que les travaux à proximité du stade aient modifié le trajet au dernier moment, et que le bus ait été obligé de stopper à quelques mètres de l’entrée du stade, à un endroit um se massaient des supporters marseillais.
Mais ce très regrettable incident pose plusieurs problèmes :
L’un est « sportif » si l’on peut dire. c’est celui du comportement des supporters français de football. Les bagarres n’ont pas cessé depuis l’ouverture du championnat. Pourquoi les supporters de clubs de rugby sont-ils plus corrects ? Et comment les clubs français vont-ils pouvoir rencontrer des équipes étrangères dans le cadre des différentes compétitions européennes ? Certes les gens de Lens ont été exemplaires à deux reprises, et Marseille a pu recevoir Athènes la semaine dernière sans incident majeur. Mais les clubs peuvent être pénalisés si l’ordre public n’est pas assuré.
L’autre est Marseillais : la municipalité, l’agglomération et le ministère de l’intérieur pensent que c’est en gonflant les effectifs de policiers, en multipliant les contrôles ponctuels, en faisant circuler des véhicules armés que l’on peut diminuer la criminalité, dont la ville détient le record national. Mais la proximité permanente n’existe toujours pas, de sorte que trafiquants et terroristes reprennent leur activité dès que la police a le dos tourné. Il est vrai que la police de proximité exige des effectifs bien plus nombreux et des installations bien mieux équipées, au-delà de ce qui est prévu par le budget de Madame Borne (comme de ses prédécesseurs depuis cinquante ans au moins).
L’autre est technique : la voiture de police a pour elle la vitesse et la souplesse, mais en quoi peut-elle impressionner des délinquants ? il n’y a que dans les films américains que les voitures de police parviennent à chasser et arrêter les délinquants -encore sont-elles plus nombreuses et leurs chauffeurs plus disponibles. Mais les Anglais ont depuis longtemps compris que seuls des blindés urbains, capables de tirer en rafales et en permanence, sont capables de déblayer un terrain occupé ou un camp retranché. Nos voitures de police sont assimilées dans les zones de non droit à des véhicules de provocation, à des signes de domination. Quelques victoires avec voitures brûlées ou massacrées poussent les insoumis à multiplier les coups.
Il va de soi que ces considérations sur l’équipement des forces de police sont à débattre, à éclairer par plusieurs expériences étrangères : la plupart des pays européens, y compris ceux du Sud, ne sont pas condamnés à la violence urbaine aussi sévèrement que le nôtre. Mais, bien au-delà il y a la question du budget alloué à la police et, par dessus tout, il y a la crise de la magistrature et du droit français. Les libéraux ne cessent de réclamer une totale réforme du choix et de la formation des juges et procureurs.