C’était certainement à tort que quelques Français, toujours râleurs, avaient dit du mal de la SNCF, des cheminots, des syndicats, etc. C’est évidemment un magazine d’extrême droite, le Figaro Magazine, publié hier, qui a osé faire sa couverture ainsi rédigée : « Grèves, retraites, subventions… le scandale des cheminots »
L’article du Fig Mag relève avec pertinence tous les privilèges dont jouissent les salariés et retraités actuels de la SNCF, qu’ils soient cheminots ou non (puisque depuis 2020 les embauchés n’ont plus le statut de cheminot mais ont tout de même du grain à moudre). J’ai récemment démontré comment les grèves de la SNCF sont un défi au droit et à la liberté .
Mais ce qui me révolte aujourd’hui c’est le bel accord passé par les « partenaires sociaux » : les syndicats des salariés de la SNCF d’une part, et la direction de cette noble entreprise publique d’autre part.
Ces partenaires sociaux sont des instances hors du commun. Du côté syndical ils se situent à l’extrême gauche, il s’agit bien de syndicats révolutionnaires qui veulent détruire le capitalisme et la concurrence. La CGT est souvent dépassée par Sud Rail, par comparaison la CFDT pourrait passer pour réactionnaire. Mais du côté patronal les dirigeants n’ont cure des principes et des coûts des grèves dans leur entreprise. Ils ont cédé avec beaucoup d’empressement à la « grève d’avertissement » du 21 novembre qui n’avait été suivie que par une infime minorité de cheminots. Il leur semblait nécessaire de ne pas attendre le mercredi 21 décembre, date de la grève générale prévue. Le gouvernement actuel a d’ailleurs vu d’un bon œil ce retour à la paix sociale. En tous cas, voilà 77 ans d’affilée qu’il y a eu au moins une grève de la SNCF : cette entreprise est un haut lieu du dialogue social, de la justice sociale.
Les contribuables vont d’ailleurs faire la preuve de leur solidarité. En effet chaque jour de grève coûte 20 millions d’euros à la SNCF, et creuse le déficit global annuel qui va avoisiner les 18 milliards d’euros cette année. Bien entendu ce déficit est pris en charge par l’Etat, qui est lui-même en déficit. Vive la dette publique ! Le Figaro Magazine reprend le calcul de Benoit Perrin, directeur de Contribuables Associés : chaque Français (bébés compris) paiera cette année 300 euros pour les cheminots. Il faut d’ailleurs ajouter que les cheminots sont logés dans des logements à leur usage et aux loyers très symboliques, que leur famille (enfants et parents) circulent sans payer le train, tous privilèges qui font envie : voilà ce que pourrait être une France enfin libérée du marché.²
Les usagers de la SNCF sont évidemment les voyageurs. En dépit de toutes les subventions, de toutes les aides, la SNCF offre le billet le plus cher d’Europe, et les prestations les plus lamentables avec des retards, des annulations, des correspondances manquées, des caténaires pas entretenus, des rails démontés, des poubelles dans les gares (Marseille Saint Charles détient des records) : voilà ce qu’offre le « service public ». Les usagers de la SNCF ce sont aussi ceux qui achètent du fret. Ici la SNCF est en infraction depuis des années avec les règles de la concurrence établies pour le marché commun européen : les accords passés hier confirment qu’il y aura un moratoire pour l’ouverture des rails à la concurrence étrangère, mais aussi à la concurrence des régions qui gèrent les TER.
Bien évidemment, comme tout ultra-libéral, je ne me soucie guère de la pénibilité du travail effectué par les salariés du rail : 19 jours par an (dont 13 jours d’arrêt maladie) à comparer avec les 9 jours dans le privé, 1.500 heures de travail par an contre 1.700 dans le privé.
Comme tout ultra-libéral j’écris et je travaille pour que la privatisation de la SNCF soit réalisée le plus tôt possible. J’espère convaincre les Français .
1 Cf. Mon article du 12 novembre (Actualité) Grèves à la SNCF : un défi au droit et à la liberté Le système social français crée le chômage et les faillites.
https://nouvelle-lettre.com/greves-de-la-sncf-un-defi-au-droit-et-a-la-liberte/
2 Y compris les Français qui se réclament de l’urgence écologique puisque des camions embarqués sur des trains diminueraient la pollution sur l’A 9 et l’A 1.