L’annonce de l’interdiction du port des abayas et qamis à l’école a été accueillie avec soulagement par nombre de commentateurs. On comprend leurs différents soucis :
- Ce problème avait été renvoyé aux décisions des directeurs d’établissements : le pouvoir central s’était défaussé : transfert inadmissible de responsabilité
- L’islamisation des écoles publiques est en progrès permanent
- Il y a un terrorisme vestimentaire dans beaucoup de villes françaises : guerre de religion à venir.
- La diversité vestimentaire traduit les inégalités de toutes sortes
- La question décourage beaucoup d’enseignants et tarit le recrutement de nouveaux maîtres
Toutefois, la présentation par Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Education Nationale, a voulu se situer dans un autre argumentaire : la laïcité, valeur fondamentale de la République. Le ministre a aussi profité de l’occasion pour mettre en valeur son programme : réforme du baccalauréat (poids des épreuves spécialisées), vacances raccourcies, présence des enseignants, salaire des enseignants, et même revenus des parents d’élèves : il propose pour les frais scolaires «une solution où les familles sont seules face à la loi du marché, une organisation où les familles pourront acheter des fournitures avec l’Éducation nationale pour obtenir un prix de gros ». La nationalisation des cartables, des crayons et des cahiers est en effet une innovation majeure.
C’est dire qu’une fois de plus on est dans la communication, et pas du tout dans la réalité. D’ailleurs les décrets et circulaires sur le port des abayas et qamis seront-ils appliqués avec rigueur ? On peut légitimement en douter.
La réalité c’est ce que nous libéraux appelons la liberté scolaire.
- L’école est faite pour instruire, et pas pour éduquer. On est passé en 1933 du ministère de « l’instruction publique » à celui de l’éducation nationale « L’école est faite pour instruire des enfants éduqués par leurs parents » (Jules Ferry). Mais il est vrai que la famille a été grandement détruite par les familles « monoparentales » (un tiers dans les quartiers de non-droit) et kes familles recomposées (multipliées par la législation sur le divorce).
- L’instruction a pour cible les savoirs indispensables: lire, écrire, compter. Les fondamentaux de la culture sont importants : histoire, géographie, art. Mais aujourd’hui dans le primaire, au collège et au lycée des demies journées entières sont consacrées à l’écologie (planter des arbres, connaître les fleurs et les insectes,etc.) ou au sport, ou aux activités artistiques (du coloriage à la danse), etc. ou aux échanges sur des questions importantes (l’essentiel n’est-il pas de communiquer, même si on dit n’importe quoi ?)
- L’instruction doit être dispensé dans des établissements soumis à une totale concurrence. L’Etat n’a pas le monopole de l’instruction. La liberté de créer un établissement, la liberté pour un établissements de fixer son programme, sa pédagogie, de recruter ses enseignants doit être totale. L’Etat n’a pas à disposer du monopole de « la collation des des grades » en particulier pour les universités, bien que des activités particulières puissent exiger des diplômes nationaux sur concours ouverts. En particulier les fameux accords Lang Cloupet concernant le pourcentage du public (75%) et du privé (25%) doivent être supprimés, puisque l’école dite rivée ou libre n’a en fait aucune liberté.
- Le choix de l’école appartient aux parents. La carte scolaire doit être supprimée. Les conditions d’admission et de transfert d’un établissement à l’autre doivent être libres.
Le prix de la scolarité est libre, rien n’empêche un établissement de le moduler suivant des critères de son choix (nombre d’enfants, âge des parents, revenus familiaux, frais de transport, etc.).
- L’argent n’est pas un problème Instruire les enfants est un devoir de civilisation, qui en appelle à la solidarité publique ou privée. Pour les parents qui n’ont pas les moyens de financer les études qu’ils choisiraient pour leurs enfants, des aides publiques et privées sont organisées : réduction d’impôts, bons scolaires (vouchers), Charters schools, free schools, écoles à la maison, bourses de fondation ou d’entreprises, etc. Il est remarquable que ces techniques soient courantes et efficaces dans la plupart des pays libres, du Japon à l’Inde (écoles sur les toits), des Pays Bas (vouchers depuis plus d’un siècle) à la Californie (écoles à la maison concernant17 % des enfants).
Il est facile de voir que Gabriel Attal est loin du compte, et que ceux qui ont salué son discours et son « interdiction » savent se contenter de peu de choses : des mots plutôt que des faits, de faux débats plutôt que de vraies solutions. L’opposition de droite s’est dite satisfaite, cela démontre qu’elle n’est pas encore devenue libérale, nous ferons en sorte qu’elle apprenne les vertus de la liberté et les réformes qui s’en inspirent[1] .
[1] Je recommande vivement l’article de la Nouvelle Lettre paru le 4 avril 2023 Forum sur la liberté scolaire animé par Anne Coffinier et Jacques Garello ( Catégorie Evènement )
[1] Je recommande vivement l’article de la Nouvelle Lettre paru le 4 avril 2023 Forum sur la liberté scolaire animé par Anne Coffinier et Jacques Garello
(Catégorie Evènement )